Estampes originales

# le Mois de l’Estampe a Paris – une biennale organisée par l’association « LES ATELIERS » de 1997 à 2005

# les albums de « l’Estampe Originale » – une collection éditée par André Marty de 1893 à 1895

# 1 « le Mois de l’Estampe à Paris » 1997 – 2005

Mis en œuvre du 15 Juin au 15 juillet par l’association « LES ATELIERS Estampes Originales Contemporaines » avec le soutien de la Mairie de PARIS, le Ministère de la Culture & le Ministère de l’Artisanat, le premier « MOIS DE L’ESTAMPE » avait réuni près d’une centaine d’acteurs de l’édition d’estampe, non seulement les ateliers professionnels d’estampe : lithographes, sérigraphes, taille-doucier, bois gravés/taille d’épargne, pochoirs, mais également, galeries, et institutions : BNF, centres culturels étrangers et écoles d’art parisiennes.

Pour la manifestation devenue biennale de 1999 à 2005, les « affiches originales » du mois de l’estampe ont toujours été réalisées par les artistes dans les ateliers de l’association : Roland TOPOR en lithographie à l’atelier BRAMSEN en 1997, Paul COX en sérigraphie à l’atelier d’Eric SEYDOUX, Jean-Michel ALBEROLA à l’atelier de Jérôme ARCAY, Pierre ALECHINSKY en lithographie avec l’atelier BRAMSEN, ERRO en lithographie à l’atelier A FLEUR DE PIERRE

L’objectif des ateliers, artisans de l’estampe, organisateurs de cette manifestation a été de rappeler aux acteurs institutionnels et culturels des arts plastiques, la place centrale de Paris et de la France dans le domaine de l’édition et de l’impression d’estampe originale.

La réalisation du MOIS DE L’ESTAMPE A PARIS à été possible grâce aux partenariats d’entreprises : ARCHES/ANTALIS, NOVOTEL, LEFRANC-BOURGEOIS, la SNCF & le RATP, l’OFFICIEL DES ARTS, CHARBONNEL, ETS MARIN, mais aussi grâce aux soutiens de nombreuses personnalités, amies et amis, amateurs d’estampes, en particulier Mme COHEN-SOLAL adjointe au maire de Paris chargée des métiers d’art, M. BRISSON & Mme HOFFMANN pour la collection NOVOTEL, Jean DIGNE directeur de l’AFAA, Yvan HOUSSARD directeur de la SEMA , Sylvain LECOMBRE Conservateur à la mairie de Paris, Emmanuel DE BODARD les domaines qui montent.

AFFICHE DE L’EDITION 2005 –
VERONIQUE JOUMARD / ATELIER JERÔME ARCKAY
(SÉRIGRAPHIE – ENCRE THERMOSENSIBLE)

#2 Les albums de « L’ESTAMPE ORIGINALE « 

En mars 1893, André MARTY directeur du « Journal des Artistes », publia le premier volet de l’album de gravures “l’Estampe originale” ( de 1893 à 1895). L’album sortait chaque trimestre en cent exemplaires, achetés par un groupe sans cesse plus large de collectionneurs. Pour les neuf albums qui allaient paraître, 74 artistes et illustrateurs réalisèrent un total de 95 estampes dans divers styles et techniques, imprimées sur toutes sortes de papiers et en différents formats. Le point commun entre ces lithographies, eaux-fortes et gravures sur bois était d’avoir été produites selon les règles de “l’estampe originale”. C’est à dire qu’elles étaient réalisées par l’artiste lui-même, en étroite collaboration avec un imprimeur qui veillait au respect du concept artistique et qu’elles étaient publiées en triage limité et numéroté.

Ce mode de travail était très éloigné de la manière courante d’imprimer, qui voyait les dessins et les peintures être reproduits aussi fidèlement que possible en grand tirage et pour un grand public. En plaçant l’estampe originale au centre de sa démarche, MARTY prenait donc ses distances par rapport au rôle traditionnel de reproduction de la gravure. Roger Marx, haut fonctionnaire, publiciste et grand défenseur de la gravure contemporaine, exprima dans son avant-propos à “L’Estampe originale “ l’importance de l’expression libre et spontanée de la vision de l’artiste, qui doit être appliquée aussi directement que possible sur la pierre, la plaque métallique ou le bloc de bois.

Le titre “L’Estampe originale” avait été utilisé quelques années auparavant pour désigner une initiative similaire visant à relancer l’estampe originale. Le premier ouvrage, concernant de belles estampes contemporaines mais plutôt traditionnelles, fut publié en mai 1888 par le société de l’estampe originale qui venait d’être fondée. Roger MARX en écrivit l’avant-propos, dans lequel il plaidait pour que l’estampe devienne une discipline artistique a part entière. Mais l’époque n’était manifestement pas mûre pour des initiatives audacieuses et la série fut suspendue après les mauvaises ventes du deuxième numéro. MARTY saisit l’air du temps lorsqu’il relança le même concept cinq ans plus tard.

Fleur ROOS Rosa de Carvalho – Marije VELLEKOOP
Fond MERCATOR, Bruxelles / Van Gogh Museum, Amsterdam

Les artistes de « L’Estampe originale »

Roger MARX raconte dans son avant-propos à « L’Estampe originale » de MARTY que l’éditeur de ces albums considérait que sa mission était de rendre hommage à des talents individuels et nouveaux, tout en fixant un canon qui entrera dans l’histoire comme témoin de l’art de notre temps.

MARTY posait peu de conditions au style ou à la direction prise par les artistes participants. L’originalité du message artistique était son seul critère. L’éditeur n’avait que faire des catégories, des courants et des réputations. Ce que partageaient les artistes, jeunes et vieux, émergeants ou établis, c’était leur intérêt pour l’estampe originale en tant que nouveau mode artistique. “L’Estampe originale” offre une vue assez complète des courants artistiques de la fin du dix neuvième siècle.

Plusieurs facteurs contribuèrent a son succès. Dans l’environnement industrialisé de la fin du siècle, les développements techniques se succédaient à un rythme soutenu. La nouvelle discipline que constituait la photographie avait repris la tâche reproductive de l’estampe, ce qui laissait aux artistes la liberté d’utiliser les techniques de la gravure à des fins artistiques, un intérêt encore amplifié par la popularité des estampes japonaises.
Cette évolution coïncide avec une énorme prospérité de la bourgeoisie. L’estampe moderne reflétait mieux le vie de la classe moyenne que les grandes toiles d’artistes peignant selon les règles académiques strictes alors même que ce nouveau groupe d’acheteurs s’intéressaient beaucoup aux estampes pour leurs sujets vivants, leurs formats pratiques et leurs prix raisonnables.

Henri RIVIERE – Lithographie  » la vague »

L’avant garde était largement représentée dans les albums avec des estampes de l’Ecole de Pont-Aven, des Nabis et des artistes symbolistes ou art-nouveau. A la demande de MARTY l’artiste pointilliste Paul SIGNAC réalisa pour la première fois dans sa carrière une lithographie en couleurs. Des artistes plus traditionnels contribuèrent également à “l’Estampe Originale”.  Les artistes des générations plus anciennes furent invités à réaliser des estampes.

De grands noms comme Pierre PUVIS DE CHAVANNES et Auguste RENOIR se laissèrent convaincre de découvrir la lithographie, tandis que FANTIN-LATOUR et Odilon REDON confirmaient par leur présence leur statut de maître de l’estampe. Ces  « peintres-graveurs », des artistes qui n’étaient pas graveurs de métiers mais avant tout des peintres ou des dessinateurs, y côtoyaient des graveurs à plein temps comme Auguste-Louis Lepère et Bracquemont.

(D’autres artistes édités dans les albums de “L’Estampe originale” : Pierre BONNARD – Paul GAUGUIN –  Felix VALLOTON – Camille PISSARO– Henri de TOULOUSE-LAUTREC – Edouard VUILLARD… )

Paul SIGNAC – Lithographie en couleur
L’Estampe Originale – albumVII – 1894